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IncluCities

IncluCities - 14.11.2022

Source d'inspiration pour les autres et meilleure reconnaissance de notre travail
IncluCities poursuit sa série de présentations des personnes clés derrière le projet avec une double interview spéciale. Vincent Vanhalewyn, échevin responsable de la cohésion sociale à Schaerbeek, et Janaki Decleire, directrice de l’asbl VIA, un partenaire essentiel du projet, répondent à des questions sur l'intégration des migrants et les impacts de la crise des réfugiés ukrainiens sur la municipalité de Schaerbeek, une ville mentor d'IncluCities.

Schaerbeek est l'une des 19 communes de la Région bruxelloise. Sa population, de plus de 133 000 habitants, est caractérisée par une grande diversité culturelle. Comment la population est-elle constituée ? D’où proviennent les nouveaux arrivants ?

Janaki DECLEIRE:

Schaerbeek est en effet une commune cosmopolite. 37 % de la population schaerbeekoise est de nationalité étrangère, sans compter les personnes qui viennent de devenir belges.

Les personnes qui se présentent à VIA, qui est un bureau d’accueil pour les primo-arrivants, ne viennent pas uniquement de la commune de Schaerbeek puisque notre parcours d’accueil s’adresse à toute personne résidant sur le territoire bruxellois. Environ un cinquième vient de Schaerbeek, 18 % de Molenbeek et le reste d'autres communes. Ces personnes sont principalement originaires de Syrie, du Maroc, d'Inde, d'Afghanistan et de Guinée.


Schaerbeek est la quatrième commune la plus densément peuplée de Bruxelles. Comment cela affecte-t-il la vie en ville ?

Vincent VANHALEWYN:  

La population de Schaerbeek n'a cessé de grandir, même si 2020 a été une année inhabituelle, avec la plus faible croissance enregistrée dans la Région depuis 1998. La croissance devrait reprendre, bien que dans une moindre mesure. Nous avons une population multiculturelle, avec plus de 100 nationalités en 2019.

Cette situation est à la fois une richesse mais cela implique également de nombreux défis en termes d’infrastructures publiques, avec un besoin important de crèches, d’écoles, d’offre de logements adaptés et en termes de vivre ensemble.

Pour faire face à ces besoins, nous avons lancé plusieurs projets urbains, notamment avec le soutien de la Région dans le cadre des contrats de quartiers, afin d’améliorer l’espace public, de développer les infrastructures sociales, d’augmenter le logement et, dans une moindre mesure, d’élargir notre tissu économique et social. 
Depuis les années 1960, Schaerbeek a également développé un important et actif réseau d'associations, qui contribue à créer des liens au sein des quartiers et à améliorer la coexistence de personnes d'origines diverses.

Si la gestion des migrations est une compétence nationale, elle devient une responsabilité locale dès lors que des personnes arrivent sur un territoire spécifique. Quelle est votre responsabilité ?​

Vincent VANHALEWYN:


En effet, la Commune intervient à différents niveaux dans l’accueil des migrants, à commencer par l'enregistrement des nouveaux arrivants dans le registre des étrangers. Par ailleurs, l'objectif est également de veiller au bien-être des citoyens et de s'assurer que chacun trouve sa place.

Avec son service de proximité et son programme de prévention urbaine (le PPU), la commune veille à créer une relation de proximité avec la population, afin d’établir un dialogue et améliorer la vie communautaire. Depuis 2016, les communes de Schaerbeek et Molenbeek ont promu l’ouverture d’un Bureau d'accueil des nouveaux arrivants (BAPA VIA), un des acteurs centraux de l'intégration des nouveaux arrivants en Région bruxelloise, conférant à Schaerbeek un rôle important dans l'accueil des migrants.

Nous avons pu constater une grande unité dans les réponses apportées dans l’accueil des réfugiés ukrainiens dans toutes les villes européennes, y compris à Bruxelles. Comment avez-vous géré ces premiers mois qui ont suivi la crise ukrainienne ? Quelle est la réalité sur le terrain et quels sont les problèmes les plus préoccupants ?​

Vincent VANHALEWYN:


Pendant les premiers mois de la crise, la Commune a mis en place une page web contenant des informations de base pour les réfugiés ukrainiens concernant le logement, les procédures administratives, les droits des réfugiés ukrainiens, notamment l’existence du CPAS (le centre public d'aide sociale). Une coordinatrice temporaire a été nommée au niveau de l’administration communale afin de centraliser l’info et de répondre aux questions des personnes, autant les personnes réfugiées que les citoyens schaerbeekois proposant leur aide. 

Depuis le mois de juillet dernier, grâce à une subvention régionale, ce soutien a pu être formalisé sous la forme de l’engagement de deux agents municipaux supplémentaires, chargés d’offrir aux réfugiés et toute autre personne impliquée dans le processus d’accueil, toutes les informations de base, ainsi qu’un soutien psycho-social pour les réfugiés ukrainiens. 

En attendant que la Région mette à disposition des logements collectifs, la municipalité a dû s'appuyer fortement sur des bénévoles pour accueillir les réfugiés pendant les premiers mois de la crise.

Janaki DECLEIRE:

VIA a réagi très vite à l’arrivée des nombreuses personnes ukrainiennes, et ce, sans remettre en cause sa capacité d'accueil envers les autres nouveaux arrivants.  Grâce à un soutien financier ponctuel de la Commission communautaire française, nous avons pu rapidement engager une nouvelle collègue russophone et ukrainophone pour organiser des séances d’information de 15 heures adaptées à ce nouveau public, dans leur langue, en leur offrant ainsi le même service qu’à toute personne se présentant dans nos bureaux. 

Dans le cadre du projet IncluCities, Schaerbeek participe à un processus de mentorat avec la ville lettone de Jelgava. Que pouvez-vous leur offrir et quel est l'enseignement le plus important de ce processus pour vous ? 
 ​
Vincent VANHALEWYN:


Dans le projet IncluCities, nous sommes dans un processus d’apprentissage mutuel avec la ville de Jelgava. Cela nous donne l’occasion de réfléchir stratégiquement à l’intégration des primo-arrivants, et de faire le bilan de nos propres pratiques. Par exemple, grâce à ce projet, nous avons pu faire un état des lieux et évaluer la pertinence de la création d’un outil digital d’information aux personnes primo-arrivantes, de type application smartphone, à partir d'autres initiatives locales, en Belgique ou ailleurs. La ville de Malines a par exemple fait un excellent travail avec son Welcome App. L'asbl DUNE a quant à elle créé Le Bon Plan, une application qui répertorie les divers services d'aide sociale et médicale sur le territoire bruxellois. Malheureusement, le financement alloué dans le cadre du projet ne nous a pas permis d’aller plus loin dans le développement d’une application mobile. Mais néanmoins ces échanges et discussions nous ont inspirés dans la mise à jour du site internet de VIA.

Jelgava a dû récemment faire courageusement face à un important flux migratoire en raison de la guerre en Ukraine. La commune de Schaerbeek quant à elle a déjà dû faire face à de nombreux flux migratoires par le passé.  Nous avons dès lors voulu transmettre notre expérience avec nos partenaires lettons, en partageant ce que nous avons pu mettre en place à Schaerbeek, et peut-être les inspirer, pour favoriser une intégration à moyen et long terme.

L'un des résultats de ce projet sera également un One-Stop shop, une plateforme en ligne améliorée pour les nouveaux arrivants dans la municipalité - pouvez-vous présenter les principaux éléments de ce site web et son objectif ? 

Janaki DECLEIRE:

Avec le budget alloué par le projet IncluCities, nous avons en effet pu retravailler la page de notre site internet BAPA VIA décrivant le parcours d’accueil, pour la rendre plus accessible à tout public. Le parcours y est expliqué de façon plus ludique, plus intuitive qu’auparavant. L’information donnée est également traduite en 10 langues et également disponible pour les personnes analphabètes, parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ne lisent pas ou très peu scolarisées dans le public primo-arrivant. Nous avons pu également créer une nouvelle page supplémentaire proposant un répertoire de base des services utiles à tout nouvel arrivant, dans différents domaines tels que l’aide sociale et les services juridiques, la santé, l’enfance ou encore l’offre de cours de français. Ainsi les personnes qui ne souhaitent pas entamer un parcours d’accueil à VIA pourront disposer d’adresses utiles pour trouver réponse à leurs questions. 

Le projet IncluCities arrive bientôt à son terme. Quelle aura été pour vous la plus-value de ce projet ?

Janaki DECLEIRE:

Le plus grand bénéfice est sûrement la rencontre et la richesse des échanges entre les différents partenaires du projet. Participer à un projet réunissant 8 villes différentes qui partagent leur propre expérience par rapport à l’accueil des personnes primo-arrivantes est inspirant. Même si leur contexte et leur réalité sont différents, comprendre ces diverses réalités et voir ce qu’ils ont pu mettre en place, et ce qui a fonctionné ou pas, permet de nourrir notre réflexion et d’enrichir notre propre travail.

Le rôle de mentor nous a également permis de prendre conscience du chemin parcouru depuis 2016, date de l’ouverture de VIA. Si nous pouvons rayonner et inspirer d’autres acteurs œuvrant à l'intégration des migrants, c’est vraiment une belle reconnaissance de notre travail.

« Têtu comme un âne, le symbole de votre commune », et « fertile comme la terre sur laquelle pousse le cerisier » – qu’est-ce que cela signifie pour vous et qu’est-ce que cela dit de votre commune ?

Vincent VANHALEWYN:

Jadis, les Schaerbeekois, qui cultivaient des cerises, avaient obtenu le privilège d'aller les porter à dos d'âne au marché de Bruxelles pour les vendre aux brasseurs qui en faisaient de la bière (la Kriek !). En les voyant arriver, les Bruxellois s'exclamaient : Hei! doë zên die êzels van Schoerebeik (en dialecte: Tiens, voilà les ânes de Schaerbeek !). Aujourd'hui encore, Schaerbeek est appelée « la Cité des ânes » et ses habitants en sont fiers !

Tout comme les cerisiers, de nouveaux projets fleurissent régulièrement à Schaerbeek.

Notre commune est un vivier d’initiatives qui font vivre et améliorent sans cesse la qualité de la vie au sein de la commune, que ce soit au niveau de la vie associative, des projets de solidarité, ou en lien avec notre riche patrimoine.

Janaki DECLEIRE:

Je partage cet avis, et j’ajouterais que notre travail à VIA illustre bien aussi cette notion de fertilité. Nous mettons sans cesse en place de nouveaux projets pour répondre aux besoins exprimés par nos bénéficiaires, que ce soit la création de notre maison d’immersion, la mise en place du projet de bénévolat ou encore du programme PEPA (parcours entrepreneurial pour primo-arrivants). Ainsi nous nous nourrissons des liens que nous tissons, mais aussi, dans une démarche de co-création, avec les primo-arrivants. Ce sont vraiment eux qui sont à la base de tous nos nouveaux projets et nous essayons d'être au plus près de leurs besoins.

Quant au qualificatif têtu, il illustre parfaitement notre volonté d’aller toujours de l’avant et de relever sans cesse les défis qui s’offrent à nous. 
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